«Histoire de la CGT, Bien-être, liberté, solidarité» Ep 4

Les chroniques de Ludo épisode 4 saison 2
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La France ouvrière des années 1880 se conjugue donc au pluriel.

Loin de prédisposer à la construction d’une classe homogène, l’ubiquité ouvrière dilue le groupe au sein des milieux populaires.

L’introduction des machines n’est pas le moindre des défis lancés aux ouvriers. Si des violences associées au « ludisme » (ensemble des actions d’un mouvement d’ouvriers anglais menés par Ludd et cherchant à détruire les machines qu’ils considéraient comme leur perte) voient le jour, les travailleurs y renoncent majoritairement cependant pour envisager de s’en rendre maître plus tard, quitte entre temps, à en négocier les modalités d’emploi.

Émergence d’un mouvement ouvrier et associationnisme

Une partie des travailleurs développe une conception unitaire de la «classe ouvrière» . Un éphémère périodique de 1830 s’en réclame dans son titre : « L’Artisan, journal de la classe ouvrière». Son argumentaire en appelle à la classe la plus nombreuse et la plus utile de la société sans laquelle « les capitaux n’ont aucune valeur ».

La fierté de l’homme qui travaille pour vivre et faire vivre ceux qui ne travaille pas à valeur de protestation contre la condition de l’ouvrier qui le relègue au premier degré de l’échelle sociale.

Les sociétés de secours mutuel se développent mais basées sur des cotisations en écartent de fait le plus gros des salariés hormis les plus qualifiés.

Les autorités s’en inquiètent sentant monter des « sociétés de résistances».

La crainte n’est pas infondée. Vers 1827/1828 une centaines de canuts Lyonnais créent la société du Devoir mutuel. En 1834 elle compte 2500 membres répartis en sections de quartiers. Hommes de compromis et respectueux des autorités, ils ne sont pas moins résolus à défendre leurs intérêts comme en témoigne leur révolte en 1831 à Lyon où ils prennent les armes contre l’abandon par Paris d’un accord tarifaire local.

Le 22, les insurgés s’emparent d’une caserne (160 morts) ainsi que de l’hôtel de ville. Leur discipline quasi militaire préserve la ville du chaos mais surpris par ce succès, les tisseurs reprennent le travail la semaine suivante.

Le 3 décembre la troupe réinvestit la ville sans heurts, le tarif est définitivement annulé.

Parmi les 90 insurgés, 11 sont jugés par la cours d’assise qui les acquitte.

La bourgeoisie s’inquiète de l’existence des «barbares» massés dans les faubourgs industriels tandis que les républicains, en quête de base sociale y sont attentifs et ouvre les portes de la Société des droits de l’Homme à des militants.

Plus que dans le suffrage universel, les espoirs d’émancipation des travailleurs résulte alors dans l’association au sein d’ateliers coopératifs.

En 1833, la lutte de 8000 tailleurs d’habits Parisiens disputant aux employeurs leur monopole d’embauche sera un échec qui aura pour conséquences la décapitation de nombres d’organisations et distendra les liens avec les républicains…

A SUIVRE