A la veille du congrès de Toulouse en 1936, la CGT compte 500000 adhérents ( fonctionnaires, travailleurs de l’État principalement) contre 260000 pour la CGTU ( secteurs privé industriels).
La CGT réunifiée est donc dirigée par deux ex-unitaires et de 6 ex-confédérés avec à sa tête Benoît Frachon et Louis Jouhaux.
La victoire électorale de 1936 et la constitution d’un front populaire ( socialistes, radicaux et communistes) est indissociable du mouvement social engagée par la CGT.
Néanmoins les grèves se multiplient et ce, à peine une semaine après la victoire, spontanément sans directive fédérale ou confédérale. L’exigence absolue de préserver l’unité du Front populaire face à la menace fasciste et la claire conscience du rapport de force incitent indéniablement à la recherche du compromis. Néanmoins les syndicats s’impliquent dans l’organisation des grèves, la rédactions des cahiers revendicatifs ou les négociations sans oublier de porter appui aux entreprises dépourvues de syndicats, rôle majeur joué par les Unions Départementale.
On parle alors de « grève sur le tas».
Dans la nuit du 7 au 8 juin, la CGT et la Confédération Générale de la Production Française ( syndicat patronal) ratifie les accords Matignon qui prévoient l’établissement de contrats collectifs garantissant la liberté syndicale, augmentation de 7 à 15% des salaires, délégués du personnel dans les entreprises de plus de 10 salariés, semaine de 40 heures sans diminution de salaires, deux semaines de congés payés et extension des conventions collectives.
La CGT accepte quant à elle de reconnaître que l’exercice du droit syndical «ne doit pas avoir pour conséquence des actes contraires aux lois» (en clair, le respect de la liberté de travail) et s’engagent à demander la reprise du travail dès que les pourparlers relatif à l’application de l’accord général s’engageront de manière effective dans les établissements.
« La victoire obtenue consacre le début d’une ère nouvelle, l’ère des relations directes entre les deux grandes forces économiques organisées du pays» déclare Léon Jouhaux au soir des accords.
Cette victoire se traduit presque aussitôt par une «ruée syndicale» où la CGT atteint le chiffre de 4 millions d’adhérents fin 1936.
Cet afflux bouscule la composition de la CGT. Les syndicats du privé prennent le pas sur ceux du public, permettant à la structure socio professionnelle de la CGT de se rapprocher de celle de la Nation. S’ensuit un renversement du rapport de force entre ex-unitaires et e-confédérés.
En Juillet 1937, les ex-unitaires dirigent 17 Unions Départementales contre 7 en mars 1936 et 12 Fédérations contre 6. Ils représentent plus de la moitié des effectifs confédéraux …