Episode 1
Avec la seconde guerre mondiale et l’occupation, le patronat français n’a pas écrit les pages les plus glorieuses de son histoire.
La plupart de ses membres ont composé avec le régime de Vichy et collaboré avec l’occupant allemand.
Dissoutes, tout comme les syndicats ouvriers à l’été 1940, ses organisations n’ont pas tardé à retrouver ses influences grâce à la loi du 18 août 1940 qui institue les « comités d’organisation » censés réguler les branches d’activités.
Les grandes firmes bancaires, industrielles y dépêchent leurs mandataires et reprennent ainsi le contrôle de leurs affaires
Pour beaucoup à la Libération, le monde patronal porte une part de responsabilité dans la crise financière et industrielle sans précédent que connait alors la France : fin 1944, la dette publique s’élève à 1800 Milliards de francs, soit 4 fois le volume de la dette chiffrée en avril 1939.
Début 1945 le déficit de l’Etat est estimé à 250 Milliards de francs et les recettes fiscales couvrent à peine 30% des dépenses publiques et les infrastructures ( routes, ponts, voies ferrées, habitations, usines) sont ravagées.
Le patronat décide alors de se faire oublier et fait profil bas et ne s’exprime que par le biais de certaines commissions ou par la CGPME.
Le 21 décembre 1945, 120 délégués se réunissent et confient à un comité restreint le rôle de définir les nouveaux statuts d’une nouvelle organisation syndicale, soit tout juste 6 mois après la Libération…
Le 12 juin 1946 naît le Conseil National du Patronat Français (CNPF). Pour l’image , est nommé Georges Villiers, résistant , patron d’une modeste société Lyonnais qui, en période d’épuration, ne peut être assimilé aux grands trusts .
En coulisse par contre, sont à la manœuvre Ernest Mercier magnat du Pétrole et de l’électricité ; Henri Davezac, Pierre Ricard et Pierre de la Lande de Calan, ces deux derniers ex responsables patronaux au sein du régime de Vichy …
Pendant ce temps-là, le gouvernement provisoire s’efforce de mettre en place le programme du CNR.
Est décidée la confiscation des profits illicites réalisés pendant la guerre ainsi que plusieurs mesures sociales d’ampleur comme la Sécurité Sociale, les comités d’entreprises et la retraite par répartition.
Mais l’une des décisions la plus importante et peu connue est la création d’un Commissariat général du plan ayant pour objectif la « décartellisation » de l’industrie que beaucoup jugent responsable du dernier grand conflit mondial puisque les trusts de l’armement et de la métallurgie des deux côtés du Rhin sont accusés de s’être entendu et d’avoir poussés à la guerre
A suivre…
De la collaboration économique au «recyclage» des collabos