Episode 8 : Plan Marshall, une pluie de dollars pour les banques !
Si les communistes restent au pouvoir, a prévenu l’ambassadeur Américain à Paris, Jefferson Caffery (1886/1974), la France ne recevra plus un dollar d’aide des Etats-Unis».
Le 5 mai 1947 Paul Ramadier, président socialiste du conseil les expulse du gouvernement.
Deux jours plus tard les Américains lui ouvrent une ligne de crédit de 250 000 dollars.
Depuis le début de l’année 1947, le gouvernement et le patronat Français ( 2 ans seulement après la fin de la guerre !) imposent une politique drastique et non négociable de gel des salaires.
Le gouvernement avait promis d’augmenter le pouvoir d’achat en faisant baisser les prix qui ne cessent d’augmenter ; le pain continue d’être rationné, tandis que les spéculateurs engrangent les bénéfices…
En juin 1947 promet cette fois que le plan Marshal d’aide à la reconstruction économique de la France, qui vient d’être validé à Washington aidera le pays à sortir de l’ornière, ce dont les syndicats doutent fortement.
En juillet 1948, le plan Marshall accorde 989 millions de dollars de crédit à la France et l’année suivante les colonies Françaises bénéficient à leur tour de l’aide Américaine aux pays émergents.
Les grandes banques d’affaires, en particulier la banque de l’Indochine vont en tirer de substantiels profits ! …en « s’associant » à des intérêts locaux …
Ainsi à Madagascar, Brazzaville, au Maroc ou encore en Algérie se créent une cascade de société «Américano-Française» par lesquelles transite l’aide Américaine.
Les banques d’affaires «prélèvent» alors …leur parts !, sous forme de commissions allant de 10 à 20% !
En 1948 « L’Omnium nord-africain » que contrôle la banque de Paris et des Pays-bas engrange 75 millions de bénéfices, l’année suivante 123 !
A mesure que l’aide du plan Marshall se déverse, les bénéfices s’envolent : 161 millions de francs en 1950, 220 millions en 1951, etc…
Ceux de la banque industrielle de l’Afrique du Nord sont passés de 6 millions en 1946 à 93 en 1953 et ceux de la banque de l’Algérie et de la Tunisie de 52 millions à 1,6 milliards…
Le constat implacable qui s’impose c’est que si les colonies coûtaient cher à l’Etat français (donc à la population) elles ont aussi enrichi certains groupes financiers et les grands potentats locaux ….
De la Libération à la fin des années 1960, le monde patronal, malgré la collaboration à largement bénéficié de la manne publique , du plan Marshall et des opportunités liées à la reconstruction.
FIN
PS : j’achève là cette série sans prétentions aucunes sinon d’informer.
J’ai fait le choix de vous présenter quelques éléments qu’il me semblait important de faire connaître en espérant vous avoir donné envie de lire ce livre : « l’Histoire secrète du Patronat de 1945 à nos jours » aux éditions la découverte.
Merci pour votre suivi à toutes et tous.
Ludovic Sigal.